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Au moment où le spectre de la désindustrialisation refait surface en France avec le retour des plans sociaux, la Cour des comptes se penche sur l’état de l’industrie durant la décennie écoulée, et son verdict est plus que mitigé. Dans un rapport rendu public jeudi 28 novembre, l’institution tire le bilan des politiques publiques en faveur de l’industrie au cours des années 2013-2023. Une période sans cesse mise en avant par le président de la République, Emmanuel Macron, comme le début de la réindustrialisation de la France, après quarante années de crises continues entre 1970 et 2000.
La Cour des comptes ne reprend pas vraiment sous sa plume le terme de réindustrialisation et concède tout au plus « une stabilisation récente et à un niveau bas du poids de l’industrie dans l’économie » française. Pas vraiment de quoi pavoiser en somme. Les politiques menées sous les présidences de François Hollande (2012-2017) puis d’Emmanuel Macron présentent, selon l’institution, des « résultats encore fragiles ». La France reste notamment la mauvaise élève européenne : malgré plusieurs plans de relance, la part de l’industrie manufacturière dans la richesse nationale stagne à 11 % du produit intérieur brut, bien en dessous de celle de l’Allemagne (21 %) et de l’Italie (17,5 %).
Dans les grandes lignes, la Cour reconnaît que l’emploi industriel a certes augmenté pour se stabiliser « en 2023 autour de 10 % de l’emploi total » dans l’Hexagone, mais il « reste cependant nettement plus faible que chez [ses] voisins (17 % en Italie, 18 % en Allemagne) ». Quant aux entreprises industrielles, elles sont « relativement peu nombreuses » et beaucoup sont de grands groupes tournés vers l’international avec des risques importants de délocalisation de leurs activités à l’étranger.
L’industrie nationale pâtit d’une perte de compétitivité chronique qui ne s’est pas améliorée malgré la reprise après la crise sanitaire de 2020. Ce « décrochage » est la cause, selon la Cour, du déficit commercial qui n’a cessé de se creuser depuis les années 2000. Entre 2000 et 2023, la France est passée du deuxième au quatrième rang des pays exportateurs en Europe. Ses têtes de gondole demeurent l’aéronautique, le spatial, les boissons et le luxe. Mais les exportations se sont effondrées dans les secteurs des produits électriques, des machines et équipements, et surtout de l’automobile.
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